L'ancienne auberge de la Vache Noire

Attestée à partir de 1812, et sans doute antérieure, la guinguette qui a donné son nom au quartier a été détruite en 2011.
A l’origine du nom de « Vache noire »
Des hypothèses parfois très sympathiques sont avancées quant à l'origine du nom du carrefour de la Vache noire. On évoque ainsi une ferme, l’enseigne d'une ancienne auberge, la proximité du marché aux bestiaux de Sceaux (créé par Colbert au 17e siècle et transféré à La Villette en 1867) ou une anecdote qui aurait vu une vache ivre (Le terme "noir" pouvant avoir cette signification) se coucher sur les voies du tramway L’Arpajonnais, ou de la ligne de Sceaux. On a aussi écrit que la "Vache noire" était le surnom affectueux donné à la locomotive du tramway. Celle-ci était en effet noire, bombée, lente et affublée de deux cheminées à l'avant rappelant des cornes.
Les travaux conjugués du service municipal des Archives et de arcueilhistoire.fr en 2010 ont toutefois permis d'établir qu’il s’agissait bien d’une auberge, attestée depuis le début du 19e siècle. L'appellation de « Vache noire » figure sur le cadastre de 1812 (plan situé à droite sur l'image ci-contre), soit plus de 80 ans avant la construction de l'Arpajonnais et 35 ans avant la ligne de Sceaux. De plus, une « auberge de la Vache noire » située en bordure de la nationale 20 (« route royale n°20 ») est mentionnée dans une ordonnance royale de 1837, sous Louis-Philippe, une dizaine d'années avant la ligne de Sceaux. L'appellation figure à nouveau sur un Atlas de 1859 (à gauche).
Dans le magazine municipal de novembre 2010, Cécile Lizée, du service des Archives municipales, a apporté des précisions concernant les propriétaires de l’auberge : La matrice de rôle pour la contribution cadastrale et celle des portes et fenêtres de 1814-1845 (cote 3P 49) désigne la même année 1840, Monsieur Mevothon « propriétaire et usufruitier » des terres (parcelles numéro 38 et 39) à l’endroit de la Vache-Noire et Monsieur Richard, « cabaretier à la Vache Noire », « propriétaire et usufruitier » des terres (parcelle 38), d’une part, et du sol et d’une maison de deuxième classe (parcelle 39), d’autre part, à ce même endroit.
Notons que sur les plans de 1812 et de 1859, la mention ne désigne pas l'ensemble du carrefour, mais la bâtisse comprenant trois ailes et une cour, située du côté de la route d'Orléans / N20 qui appartient à Montrouge depuis 1875. Elle désigne en revanche tout le carrefour à partir du plan de 1901. C'est donc bien l’auberge qui a transmis son nom au carrefour.
Disparition de l'Auberge de la Vache noire
Il y avait toujours en 2011, à l’endroit indiqué, un bâtiment ancien ayant la même emprise. Il possédait un coin formant un angle caractéristique de 45°, comme sur les plans du 19e siècle. Derrière ce « Relais de la Vache noire », que l’on pouvait louer pour des mariages, se trouvait une cour que l’on imagine volontiers décorée de lampions. Le mur de pierre séparant cette cour de la rue d’Arcueil semblait particulièrement ancien. Il s'agissait donc bien de la guinguette d'origine, rénovée mais datant de plus de deux siècles.
J’ai photographié l’édifice en mai 2011, et suis revenu par la suite en espérant prendre contact avec le propriétaire. Mais en juin, il était rasé.
CS
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